Lorsque les témoins d’aujourd’hui auront disparu, seule la mémoire demeurera.
L’initiative « Rubans contre l’oubli » a vu le jour en France grâce au travail du groupe « démarche mémorielle. » Nous vous encourageons à lire leur rapport « Faire mémoire, » remis aux évêques catholiques lors de leur assemblée plénière de mars 2023.
Ci-dessous le préface.
Commandité par le Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie de l’Église catholique, le groupe “démarche mémorielle” a été créé en juin 2022. Coordonné par Guillemette Mounier, il comprend neuf membres, Personnes victimes représentantes d’associations et Experts en psychologie, histoire, muséographie et théologie.
Notre groupe de travail avait la mission de trouver comment « mémorialiser » l’histoire et la douleur – et ses conséquences tout au long de leur vie – d’enfants et d’adultes vulnérables victimes des crimes d’hommes qui ont trahi les hautes responsabilités spirituelles et éducatives envers ceux qui leur avaient été confiés. Emprises spirituelles, affectives et sexuelles, menées contre les corps et les âmes, ces crimes sont des meurtres psychiques.
Aussi un devoir particulièrement grave de vérité nous a habités, et nous aurions aimé écrire ce rapport au passé. Mais, au fur et à mesure de nos travaux, de nombreuses affaires d’abus ont été connues, rappelant les silences et dénis qui renforcent les traumas de ceux qui luttent depuis si longtemps pour vivre avec les conséquences de ces drames et participent au rejet d’une institution qui n’a pas su ou pas voulu voir la réalité du désastre, qui aujourd’hui encore semble continuer à masquer ou minimiser les faits.
Pourtant, il nous faut aussi remercier l’Église catholique d’avoir, la première dans la société française, initié cette démarche de vérité, de repentance, et porté la volonté d’en faire mémoire, pour que cela n’arrive plus jamais.
Se rappeler et se montrer totalement déterminés à éradiquer ces comportements criminels, telle est notre immense responsabilité. Lorsque les témoins d’aujourd’hui auront disparu, seule la mémoire demeurera.
Nous sommes persuadés qu’un “geste” artistique et spirituel très fort dans un lieu où sera dite la vérité du passé et du présent est nécessaire. L’idée de mémorial est associée à un monument, un lieu où la vérité soit montrée et le souvenir possible pour permettre dès à présent la réparation et la consolation à la lumière de la reconnaissance des faits tout en garantissant, grâce à la mémoire entretenue, la vigilance et la prévention.