Journée de réflexion organisée par le collectif Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises le samedi 4 novembre, au Centre Sèvres à Paris ou en distanciel
Deux ans après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) et six mois après le rendu des travaux des dix groupes de travail sollicités par la Conférence des évêques de France, le collectif préfiguratif de l’Association Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises, initiée par les membres du groupe de travail sur la mémoire, propose une journée de réflexion à partir de ses travaux et en vue de la création d’un lieu de mémoires.
Programme et inscription : associationMVSAE@gmail.com
Le mouvement Rubans contre l’oubli est en train de se constituer en association loi 1901. Si vous aimeriez consacrer du temps à cette initiative de soutien aux personnes victimes de violences sexuelles, merci de nous contacter : contact@rubanscontreloubli.fr
Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues, à condition de respecter notre charte d’engagement avec et pour les personnes victimes et survivantes de violences sexuelles.
L’évêque Stephen Wright a été installé comme quinzième évêque de Hexham et Newcastle lors d’une messe solennelle d’installation en l’église cathédrale de St Mary, Newcastle, le mercredi 19 juillet 2023. Il a invité des membres du mouvement de LoudFence à nouer des rubans à sa cathèdre en signe de son engagement envers des personnes victimes de violences sexuelles au sein de l’Église catholique.
L’évêque Stephen Wright a également invité Maggie Mathews, victime et survivante de violences sexuelles au sein de l’Eglise catholique, dans le diocèse de Hexham et Newcastle, à partager son témoignage et quelques mots sur les rubans de la LoudFence. Elle a appelé les « catholiques ordinaires » à prendre leurs responsabilités : « S’il vous plaît, catholiques ordinaires, essayez de tendre la main à ceux et celles qui sont blessés au sein de l’Église. »
Nous avons été invités à participer à la Loud Fence organisée à Birmingham par la cathédrale catholique Saint Chad. Cet évènement a été l’occasion de belles rencontres et de témoignages, dont celui de Paddy que nous voudrions partager avec vous.
Patrick, appelé Paddy, d’origine irlandaise, a grandi à Birmingham, avec sa petite sœur, Bridget, dans un quartier ouvrier bordé d’usines. Ses parents, catholiques fervents, les amenaient à la messe tous les dimanches. Quand Paddy avait 11 ans, son père est mort subitement dans un accident de travail à l’usine. Le prêtre de la paroisse venait souvent leur rendre visite à la maison, pour aider sa mère, c’est du moins ce que pensait Paddy. Il a appris plus tard que ce prêtre violait sa petite sœur … Bridget, accablée de souffrances, est morte par suicide à l’âge de 28 ans.
Aujourd’hui Paddy a 81 ans et vit encore à Birmingham, seul dans une maison de retraite. Il n’a plus de famille, pas d’enfants, peu de visites à part celle de Susan, bénévole catholique. Son médecin lui annonce qu’il présente les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Paddy sait qu’il perd sa mémoire, qu’il oublie sa sœur Bridget et son histoire tragique. Paddy confie la mémoire de Bridget à Susan, que nous avons rencontrée lors de la Loud Fence à Birmingham.
Si nous vous livrons ce récit, avec l’aval de Susan, c’est pour rendre justice à Bridget. L’oubli, c’est l’injustice absolue. Des crimes affreux ont été commis au sein de l’Église catholique. Il est de notre devoir de faire mémoire pour que cela ne continue pas, pour que cela ne recommence jamais.
Lorsque les témoins d’aujourd’hui auront disparu, seule la mémoire demeurera.
L’initiative « Rubans contre l’oubli » a vu le jour en France grâce au travail du groupe « démarche mémorielle. » Nous vous encourageons à lire leur rapport « Faire mémoire, » remis aux évêques catholiques lors de leur assemblée plénière de mars 2023.
Commandité par le Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie de l’Église catholique, le groupe “démarche mémorielle” a été créé en juin 2022. Coordonné par Guillemette Mounier, il comprend neuf membres, Personnes victimes représentantes d’associations et Experts en psychologie, histoire, muséographie et théologie.
Notre groupe de travail avait la mission de trouver comment « mémorialiser » l’histoire et la douleur – et ses conséquences tout au long de leur vie – d’enfants et d’adultes vulnérables victimes des crimes d’hommes qui ont trahi les hautes responsabilités spirituelles et éducatives envers ceux qui leur avaient été confiés. Emprises spirituelles, affectives et sexuelles, menées contre les corps et les âmes, ces crimes sont des meurtres psychiques.
Aussi un devoir particulièrement grave de vérité nous a habités, et nous aurions aimé écrire ce rapport au passé. Mais, au fur et à mesure de nos travaux, de nombreuses affaires d’abus ont été connues, rappelant les silences et dénis qui renforcent les traumas de ceux qui luttent depuis si longtemps pour vivre avec les conséquences de ces drames et participent au rejet d’une institution qui n’a pas su ou pas voulu voir la réalité du désastre, qui aujourd’hui encore semble continuer à masquer ou minimiser les faits.
Pourtant, il nous faut aussi remercier l’Église catholique d’avoir, la première dans la société française, initié cette démarche de vérité, de repentance, et porté la volonté d’en faire mémoire, pour que cela n’arrive plus jamais.
Se rappeler et se montrer totalement déterminés à éradiquer ces comportements criminels, telle est notre immense responsabilité. Lorsque les témoins d’aujourd’hui auront disparu, seule la mémoire demeurera.
Nous sommes persuadés qu’un “geste” artistique et spirituel très fort dans un lieu où sera dite la vérité du passé et du présent est nécessaire. L’idée de mémorial est associée à un monument, un lieu où la vérité soit montrée et le souvenir possible pour permettre dès à présent la réparation et la consolation à la lumière de la reconnaissance des faits tout en garantissant, grâce à la mémoire entretenue, la vigilance et la prévention.
Merci au Service de communication du Diocèse catholique de Plymouth et à Antonia Sobocki, la responsable du projet LoudFence au Royaume-Uni, pour ce retour sur l’expérience de Lourdes.
Following the LOUDfence we held in February at Christ the King Church in Plymouth, the Catholic Church in France held a LOUDfence between the 28th and 29th March. This was held as part of the Plenery Assembly of the Conference of Catholic Bishops of France. The Diocese of Plymouth sent several messages of support that were added to the Lourdes LOUDfence.
Fr Mark’s Skelton’s poem about LOUDfence, ‘A Sanctuary Reclaimed’, was translated into French by Josephine Collins Attar from our diocese, and was read at Lourdes during the LOUDfence.
Antonia Sobocki, the LOUDfence Project Manager attended the LOUDfence in Lourdes and has kindly shared a summary of her experience of this:
The journey to Lourdes started on a bus on the way to the Diocese of Plymouth LOUDfence. A theologian called Katherine Shirk Lucas whom is part of a working group for the Bishop’s Council of France followed the work of the LOUDfence on Twitter. She brought our work to the attention of her colleagues in the working group in Paris who unanimously decided to adopt the LOUDfence. She sent me an email which I received somewhere near Taunton. She asked if the working group could have photos and feedback from the church in Plymouth for the Bishop’s Council. We supplied them with all the information they needed. The news we were to be adopted by the Bishop’s Council in France was astonishing. It still is.
Our trip to Paris and Lourdes was a journey of immense hope, joy and sadness. My daughter Catherine and I met many lay activists and clergy who have a shared desire for justice and reconciliation in our church.
On our first night we stayed with the founder of Rubans Contre L’oubli (Ribbons Against Oblivion) in France. Katherine is a theologian and Senior Lecturer at the Catholic University in Paris. She lectures on ecumenical theology, the need to heal the church of abuse and is involved in the ongoing professional development of priests. Her zeal and determination to be the church which cares is an inspiration. We are overjoyed to have met such a committed fellow guardian of the domestic church on our journey to spread the word about compassion. We stayed with her and her family at her apartment in Paris on our first night.
The next day we all met with other activists at Montparnasse Station in central Paris and caught a very modern sleek train to Bordeaux. The train even left exactly on time. At Bordeaux we met more activists on their way to the Bishops Conference too and we caught the train to Lourdes. We arrived at Lourdes late in the evening. We stayed in a hotel which overlooked the basilica.
The next day we went to the Bishop’s Conference in the large modern church of St Bernadette which is located opposite the Grotto on the over side of the river. When we entered the conference we met so many people who were working for the changes we want for the church. It helped me to realise that we are not alone. There are countless others in our church who want the same thing. We spoke to lots of bishops and senior clergy. We were met with a whole range of reactions. A lot of positivity, some apprehension and much curiosity. They asked us lots of questions, they talked together over coffee and then they all descended on us to tie ribbons and messages. The Archbishop of Reims and President of the Bishops Council was very thankful for the supportive messages from the church in the UK. I was touched to see him tying on messages from his brother bishops in England.
I met priests who all told me they were victims of sexual violence since ordination. I sat with them and listened to all their stories. I gave them my contact details and told them we are here whenever they need us. I thanked them for being brave enough to speak because in doing so they not only free themselves from their prison of silence, but they also throw open the door for others in the same situation. They told me they have no formal support and feel left to cope alone. This reinforces our belief a national care service for survivors and those affected by abuse is a necessity for everyone in the church.
At the end of the day all of the bishops gathered together for closing prayers. They had asked for the LOUDfence to be erected in front of the steps of the main altar in the church where the conference was being held. They asked us to sit and pray with them in front of the main altar. It was a surreal experience to be sat with those responsible for the care of the church in France praying to God in front of a project I started on my kitchen table. I still can’t quite believe this happened.
The impact of the LOUDfence lead to religious sisters who were in attendance at the Bishop’s Conference asking if the LOUDfence could be taken to the Conference of the Annual National Assembly of Ordained Religious of France from 11th to 12th April in Paris. We are so heartened by their enthusiastic embrace of the LOUDfence. Sadly this is also motivated by recent revelations that on an anonymous poll of the religious ordained of France conducted by the heads of the religious orders, two thirds of those who participated said they had experienced sexual violence since ordination. When the conference is concluded the LOUDfence will be dismantled and re-errected in the Headquarters of the Bishops Plenary Council in Paris where it will remain on display. The LOUDfence has spread to France.
The bonds we have all formed as an international movement have resulted in a delegation from the Roman Catholic Church in France now preparing to come over to the LOUDfence being hosted at St Chad’s RC Cathedral by the Archdiocese of Birmingham. We are looking forward to welcoming them all. As Fr Hans Zollner from the Pontifical Gregorian University in the Vatican would say, “Keep doing what you’re doing – the network is growing”.
Nous remercions le service de communication de la Conférence des religieux et des religieuses de France pour ce retour sur la participation des Rubans contre l’oubli à son assemblée générale.
Ils étaient présents à Lourdes lors de l’assemblée plénière des évêques ! Ils ont voyagé jusqu’à Paris et se sont multipliés lors de l’assemblée générale de la CORREF. Symboliquement fort, ces rubans, accompagnés de messages, sont un signe de solidarité et de soutien aux victimes de violences sexuelles.Religieuses et religieux ont largement participé à cette proposition.
La première LOUDfence (Rubans contre l’oubli) a lieu en Australie au mois de mai 2015. La Commission royale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels sur enfants organise des audiences publiques dans le cadre de son « Étude de cas 28 : les autorités de l’Église catholique à Ballarat. »
Des personnes victimes rapportent des faits choquants de violences sexuelles et de dissimulation de crimes par des autorités ecclésiastiques. Le silence imposé aux enfants victimes et à leurs proches depuis tant d’années bouleverse la communauté de Ballarat. Des citoyens attachent des rubans au portail du collège Saint Patrick en signe de soutien et de solidarité aux personnes victimes qui s’expriment. Depuis, cette opération riche et lourde de sens s’est répandue dans le monde entier !
Merci à Katherine Shirk et l’équipe des rubans pour nous avoir proposés cette initiative à la CORREF; Katherine est aussi enseignante de théologie à l’Institut Catholique de Paris et a écrit un chemin de croix pour exprimer sa solidarité et sa prière envers les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église.
A la dernière Assemblée plénière des évêques catholiques de France à Lourdes, fin mars 2023, il a été proposé une démarche mémorielle : Rubans contre l’oubli. C’est une manifestation de soutien et de solidarité avec les personnes victimes de violences sexuelles.
J’ai présenté avec d’autres cette démarche aux évêques et j’ai beaucoup aimé faire cela: leur expliquer le sens et l’importance de ce geste pour ne pas oublier ! Pour rendre justice aux personnes et aussi pour tout faire pour que ces abus ne continuent pas!
Expliquer aussi la simplicité de ce geste et aussi sa portée, les inviter à proposer cette démarche pour les prochaines journées de prière pour les personnes victimes dans les diocèses.
Et les amener à participer en choisissant un ruban de couleur et y inscrire un prénom, un mot une prière pour une personne victime de leur connaissance . Cela a été occasion de bons échanges.
Nous avons reçu de nombreux messages d’Angleterre, qui disaient leur solidarité avec les personnes victimes de France: cela m’a vraiment beaucoup touchée ! En particulier un message nous disait combien l’église a besoin de nous! Et plusieurs nous remerciaient pour notre courage.
J’ai pu aussi associer des personnes victimes que je connais et leur proposer de mettre un ruban à leur nom: plusieurs ont accepté et se sont senties rejointes par cette démarche avec beaucoup d’émotion.
Je pense que c’est une très bonne idée et j’espère beaucoup que ces Rubans contre l’oubli vont se répandre en France comme c’est déjà le cas dans d’autres pays!
Je trouve que voir tous ces rubans colorés c’est bouleversant et doux à la fois: cela donne un peu de douceur là où il y a tant de douleur….
Nous remercions Sophie Lebrun de La Vie de son reportage sur l’évènement Rubans contre l’oubli à l’assemblée plenière de la Conférence des évêques catholiqudes de France à Lourdes.